Découvrez les discours d'Hervé Maupin et de Bernard Verlingue prononcés lors de notre émaillage du vendredi 3 septembre dernier.
Discours du trentenaire, Hervé Maupin, président du Fonds de dotation du Musée de la Faïence de Quimper
Mais oui, trente ans déjà, quel bel âge !!! Et un beau musée qui aujourd’hui vous accueille pour faire la fête. En cette période difficile de pandémie, le musée, comme d’autres établissements culturels, a souffert et a dû ouvrir ses portes plus tardivement, renoncer à toute forme d’émaillage et s’organiser pour accueillir ses visiteurs dans le strict respect des contraintes sanitaires. Dans ce contexte, nous avons décidé de reprendre la même exposition temporaire que l’année précédente.
Un musée tourné vers l'avenir.
Cette situation a un peu entamé nos réserves mais pas notre motivation : nous restons résolument tournés vers l’avenir. L’avenir pour nous c’est la modernité. Notre musée ne doit pas s’en tenir à être le sanctuaire des œuvres du passé ; il doit montrer qu’il est vivant et qu’il vit avec son temps.
Comment me direz-vous ? On va vous le montrer.
- En choisissant Olivier Lapicque pour concevoir le logo très destructuré de notre trentième anniversaire.
- En profitant du temps de confinement pour revoir les décors et l’éclairage de nos vitrines, exposer de nouvelles pièces et mettre en place des cartels de présentation plus accessibles.
- En maintenant l’exposition Keraluc, une faïencerie au service des artistes, où l’œuvre de faïence peut aller jusqu’à l’abstraction comme le montre l’artiste Xavier Krebs.
- En poursuivant notre association avec le Festival de la Céramique de Quimper pour la 3e année consécutive, où nous attribuerons un prix à un exposant choisi par un jury. Une œuvre lui sera achetée et viendra enrichir nos collections.
- En accueillant pendant toute une quinzaine, une brillante créatrice de « l’art du feu », Kathy Le Vavasseur. Cette artiste, résolument tournée vers les œuvres contemporaines, a conçu une exposition de travaux personnels qui viendront dialoguer avec les pièces du musée. K.L. nous montre que la céramique est une source inépuisable d’inspiration et de virtuosité. Sous ses doigts naissent des œuvres en état d’apesanteur : elle crée le mouvement d’une vague, tourne la page d’un manuscrit, ensorcèle un cordage… Elle dirigera les atelier TOTEM, (assemblage vertical de pièces et de biscuits récupérés dans l’atelier Fouillen et ainsi sauvés du rebut ou de la casse). Exemple de modernité, comment faire concourir ces déchets à la création d’œuvres contemporaines : c’est l’art de la « récup ».
- Enfin des soucoupes Fouillen, aussi récupérées à l’atelier, sont mises à votre disposition pour y inscrire vos vœux et vos encouragements et les accrocher sur un panneau qui tiendra lieu de livre d’or.
Remerciements
Je terminerai par des remerciements ;
Merci à Bernard Verlingue, référence absolue en matière d’expertise des faïences de Quimper, qui se remet lentement d’une opération lourde, et qui est à la source d’inspiration incontournable du musée.
Merci à Jérémy Varoquier, pour son travail sur le terrain et pour la mise en place de ce trentième anniversaire.
Merci à Kathy Le Vavasseur, de nous dévoiler son savoir-faire, elle, qui dompte la glaise avec une énergie exceptionnelle. [Vous pouvez acheter ses œuvres]
Merci à Jean-Yves Verlingue qui, inlassablement, dorlote nos mécènes pour les remercier d’être à nos côtés.
Merci à nos mécènes, qui, en cette période difficile, n’ont pas quitté le navire et qui continuent à nous aider. Sans eux, nous n’existerions pas.
Merci aux membres de l’association des Amis du Musée et à son président, Jean-Paul Alayse pour leur soutien sans faille.
Hervé Maupin
Discours du trentenaire, Bernard Verlingue, directeur du Musée de la Faïence de Quimper
30 ans
30 ans ! 30 ans déjà. Je ne les ai pas vu passer, si ce n’est les deux dernières années.
C’est en 1991, le 13 juin, que le musée fut inauguré, avec les amis. L’inauguration officielle eut lieu le 18 juin. Le 12 juin dans l’après-midi, les étagères des vitrines furent livrées et nous avons donc bénéficié d’une nuit et d’une journée pour installer toutes les pièces. Nous avions tenu notre engagement.
Maison Porquier
En juillet 1990, Jean-Louis Léonus, ancien directeur technique des faïenceries, que j’avais remplacé, nous signale la mise en vente de la maison Porquier. Cette vieille demeure, en piteux état avait suscité la convoitise de nombreux acheteurs mais dans le cas présent nous avons bénéficié des connaissances de M. Léonus et l’affaire fut rondement menée. En août, nous étions enfin propriétaires d’un espace dans lequel nous allions pouvoir réaliser notre projet : ouvrir un musée de la faïence à Quimper. L’architecte Javier Moron, fut choisi et les travaux commencèrent en novembre 1990 avec une ouverture prévue en juin 1991.
Tricentenaire
Dans notre projet, nous bénéficions d’un exemple de taille. L’Association « Quimper 1690-1990 » avait réalisé le projet de fêter trois siècles de faïence à Quimper avec l’aide de la mairie. Ce projet, très lourd, fut exécuté de main de maître et l’exposition, qui s’est tenue au Musée des Beaux-arts de la ville a connu un immense succès : 80 000 visiteurs. Ainsi, notre projet ferait suite à celui-ci.
La collection
La collection, composée de 5000 objets est particulièrement représentative des productions de la faïence quimpéroise. Durant trois cent ans, chaque dirigeant a participé à son élaboration. C’est ainsi que des modèles marseillais, nivernais et rouennais s’y retrouvent. Et progressivement, le Quimper, tel que nous le connaissons aujourd’hui, né d’un amalgame stylistique, va voir le jour. Il est important de constater que Quimper et pratiquement le seul centre faïencier encore en vie parmi ses illustres prédécesseurs.
Lors de l’exposition du tricentenaire, un prêt conséquent a été fait avant que la collection ne soit mise en caisses.
Fonctionnement
Ainsi, à compter du 18 juin 1991, le musée existe et fonctionne concrètement. À l’origine, il a fallu tout créer. Nous n’avions aucune expérience. Au fil des années, nous avons développé un certain nombre de concepts. Certains, comme la matinée d’estimation gratuite, existent depuis la date d’ouverture.
Et puis, il y a les expositions thématiques annuelles. Nous avons débuté par les vierges et les saints grâce à la collection de Laurent Cahn. L’année suivante, ce sera le tour de Léonardi puis des grès Odetta. Ainsi, ont défilé thèmes et artistes comme Quillivic qui me permettra, grâce à un quiproquo de nouer des relations durables et étroites avec le fils de l’artiste – J’avais réussi à pénétrer dans l’atelier parisien du sculpteur et obtenu le prêt de pièces que beaucoup ignoraient. Méheut sera un succès. Et puis, il y a eu l’exposition consacrée aux tous premiers artistes ayant travaillé à Quimper : Alfred Beau et Henri Guiheneuc. Pour cette occasion, nous avions réussi à faire revenir des États-Unis, un énorme plat aux faisans décoré par A. Beau et remis au président américain Woodrow Wilson lors de la signature de l’armistice de 1918. À cette occasion, l’ambassadeur des États-Unis viendra inaugurer l’exposition. À préciser que la présence de ce plat nous avait été signalée par l’association Quimper Club International. Pour commémorer la participation de Quimper à l’Exposition coloniale de 1931, nous avons emprunté plusieurs œuvres à des musées nationaux, comme Sèvres et le Musée des Années 1930. Ainsi, petit à petit, nous avons fait notre place au soleil.
Atelier
Une autre activité du musée est de se mettre à la disposition d’artistes pour réaliser des œuvres. L’atelier que nous avons donc créé, et Olivier Lapicque en sera le premier à en bénéficier. Il y réalisera de nombreuses fresques de carreaux de faïences. Enrique Marin lui succèdera avec 4 grands panneaux de grès, Alexander Goudie y décorera ses modèles, qui seront diffusés par le musée.
Ainsi, nous avons réussi à créer un musée vivant, s’inscrivant parfaitement dans la politique culturelle touristique de la ville de Quimper sans que cela ne coute 1 centime à la communauté.
Pour conclure, je souhaite une longue vie à la faïencerie qui se doit d’être une continuité des actions du musée, une vitrine incontournable. En espérant que l’attachement à leur passé, constitué par une collection extraordinaire de moules et modèles en plâtre qu’il conviendra de valoriser dans le but de les ré-employer et de leur donner vie.
Tous mes remerciements vont à nos mécènes, qui depuis 2011, nous aident avec assiduité, sans défaillance.
Un grand merci tout particulier à Jérémy Varoquier qui a su, pendant mon absence faire tourner la boutique avec beaucoup de talent.
Enfin, un grand merci à vous autres présents sans qui rien ne serait possible.
Bernard Verlingue